Dans un éditorial antérieur, je nous ai questionné et demandé où nous allions, syndicalement parlant. Afin de répondre à cette question, le mouvement syndical pourrait, et devrait, s’inspirer de l’actualité.

Car les derniers mois ont été marqués par une effervescence sociale bien particulière. Effervescence qui semble se transformer en mutation dans bien des cas. Plusieurs exemples dans l’actualité abondent en ce sens.

À Montréal, les électeurs ont récemment fait le pari d’écarter Denis Coderre et d’élire une femme. On dira ce qu’on voudra du début de son mandat,  on sent que les citoyens-nes ont refusé de se cantonner dans les conventions politiques.

Les derniers mois ont été marqués par #meetoo, suite d’autres mouvements similaires mis en œuvre il y a quelques années (#AgressionsNonDenoncees et cie). Les médias sociaux et diverses campagnes de prévention ont permis de porter le message que plusieurs enfouissaient depuis trop longtemps. Ce message est clair :  les hommes et les femmes n’ont plus à tolérer l’abus de pouvoir et les comportements, sexuels ou autres, qui bafouent l’intégrité d’une personne. Ce mouvement est en train de redéfinir la place des femmes et le rapport entre hommes et femmes dans toutes les couches de la société.

En Floride, on déplore une fusillade de trop dans une école. La jeunesse américaine s’est levée et a dénoncé avec vigueur l’omniprésence des armes à feu dans leur pays. Et la population tend l’oreille. La résignation habituelle, l’obstruction politique et le lobby de la NRA ne tiennent pas pour l’instant.

Au même moment, au Québec, les infirmières et médecins dénoncent la dégradation éhontée du système de santé.  Les infirmières vont même jusqu’à se dénoncer pour n’être pas en mesure de respecter les paramètres sécuritaires de leur tâches, et les médecins sont prêts à mettre de côté une hausse salariale et exigent un réinvestissement en santé.

Ce qui se dégage de ces moments de notre actualité, furtivement décrits ici, c’est que de subir en silence n’est plus une option.  Que la mise en commun de voix autrefois individuelles, médias sociaux aidant, a un impact; la parole citoyenne peut changer le cours des choses! Cette parole peut être transmise par un geste simple : prendre la forme d’un clic, d’une signature de pétition, d’un X sur un bulletin de vote.  Parfois la parole citoyenne exige davantage de nous, et demande que l’on sorte des médias sociaux et que l’on porte notre voix plus fortement dans d’autres tribunes.

J’ai envie de me laisser porter par ces exemples de mobilisation sociale et de prise de parole. De m’en inspirer, et de mettre la lumière sur notre effervescence bien personnelle, et notre parole citoyenne à l’échelle locale.

L’exécutif du SPPCM a entamé une discussion avec ses membres sur la nécessité de redéfinir les rapports en contexte d’autorité.  Beaucoup souhaitent, et certains craignent, que les répercussions de #moiaussi apportent des changements profonds dans les rapports intimes et amoureux, par exemple en ce qui concerne la notion de consentement. Ce sera un débat, notamment avec le comité contre les violences sexuelles, que nous aurons dans les mois à venir.  Le comité exécutif vous conviera également à une réflexion sur les enjeux féministes dans nos instances syndicales de la session.

Au niveau pédagogique, il ne se passe pas une semaine sans qu’une conférence, une levée de fonds, un projet pédagogique ne soit mis en place par les professeurs-es du collège.  Des espaces de partage et de réflexion sont créés afin de permettre tant aux étudiants qu’aux employés de sortir des conventions, pédagogiques ou autres. Cette vigueur intellectuelle et professionnelle est des plus inspirantes et reflète selon moi non seulement un désir de prise de parole, mais aussi un désir de vitaliser et repenser notre métier d’enseignant-e au collégial.

C’est pour cette raison qu’en ces 50 ans du SPPCM, et du réseau collégial par surcroît, la première « édition » de La Réplique souhaite mettre en lumière les professeurs-es, les projets qu’ils-elles portent, les préoccupations qu’ils ou elles défendent, les intérêts qu’ils ou elles souhaitent partager. Nous pouvons être fiers-es du travail accompli; pourquoi ne pas prendre cette occasion pour nous le rappeler?

La 51e année du SPPCM offrira plusieurs occasions aux membres de faire entendre leur voix : les ÉGES 2, le Congrès de la FNEEQ et même les élections provinciales au moins d’octobre.  Je nous sais pas toujours près, au courant, ou même intéressés-es par ces instances.  Mais si je vous parle de révisions de programme, de précarité, de lourdeur de la tâche reliée aux étudiants en situation de handicap et de réseau de l’enseignement supérieur mal-financé, rendant nos conditions de travail au quotidien de plus en plus difficiles, et de priorisation de l’éducation au plan national, alors ces instances deviennent (presque) des incontournables.  C’est aussi là que nous pourrons vitaliser et repenser le monde de l’éducation. Car ce n’est pas qu’à Maisonneuve que nous pourrons régler les problèmes de Maisonneuve. À défaut d’y assister, il faudra minimalement s’y intéresser.  Ce sera plus facile à faire si nous le faisons ensemble. Ainsi, nous pourrons arrimer Maisonneuve, et nos instances syndicales, à ce monde en mutation.

Ann Comtois
Département de psychologie
Vice-présidente à l’information

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