Lors du bilan de la dernière ronde de négociation, les membres du SPPCM ont maintes fois souligné leur volonté d’être plus impliqués et mieux informés du processus de négociation. Cet article se veut, nous l’espérons, le premier d’une série pour répondre à ces demandes.

La négociation dans le secteur public se fait depuis les années 1970 sur deux fronts : la table centrale et la table sectorielle. Le but de cet article sera de démystifier ces deux concepts et de voir les acteurs intervenants sur chacun des enjeux pour mieux comprendre le mode de fonctionnement de ces deux tables.

La table centrale

Ce qu’on appelle la «table centrale» est un compromis entre le gouvernement qui, dans la loi sur la négociation de secteur public, ne veut pas négocier les salaires, et les syndicats qui y voient une façon d’établir leur rapport de force. À cette table sont discutés les sujets que les syndicats considèrent transcendant les corps d’emploi. Traditionnellement, on y négocie les salaires, le régime de retraite et les droits parentaux, mais tout sujet pouvant trouver écho pour l’ensemble des salariés-es du secteur public peut devenir un sujet de table centrale.

Lors des négociations de 2015, le gouvernement a utilisé la table centrale pour négocier la relativité salariale qui, en bout de ligne, a permis aux professeurs-es de cégep d’obtenir le rangement 23. Il resterait cependant du travail à faire pour en arriver à une pleine intégration de notre échelle salariale à celle de ce rangement.

C’est aussi autour de la table centrale que se forme le Front commun. Renégocié à chaque ronde, le Front commun regroupe les centrales syndicales qui y voit un intérêt commun. À titre d’exemple, lors de la dernière ronde de négociation, la CSN, la FTQ et le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) ont formé le Front commun et ont parlé d’une seule voix à la table de négociation face aux représentants du Conseil du trésor.

À la CSN, il y a un premier travail de coordination qui est fait entre les quatre fédérations impliquées dans la négociation des services publics par le Comité de coordination des secteurs publics et parapublic (CCSPP) avant le Front commun. Les quatre fédérations représentées au CCSPP sont la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), la Fédération des employées et des employés de services publics, la Fédération des professionèles (FP) et finalement, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ), notre fédération.

La table sectorielle

Parallèlement aux discussions à la table centrale, notre comité de négociation rencontre les représentant.e.s du Comité patronal de négociations des collèges (CPNC) à la «table sectorielle». À cette table, on discute les enjeux reliés à l’organisation du travail des professeur.e.s et des chargé.e.s de cours des cégeps. Par exemple, le calcul de la charge de travail individuelle (CI), les responsabilités des départements ou les mandats des comités nationaux paritaires sont des sujets de la table sectorielle.

Ce qui est vrai pour la table centrale des professeur.e.s et des chargé.e.s de cours affilié.e.s à la FNEEQ-CSN, comme nous, l’est également pour l’ensemble des syndiqué.e.s des services publics québécois. On compte ainsi une cinquantaine de tables sectorielles réparties entre les différents ministères qui négocient les conditions de travail de plus de 500 000 personnes. Juste pour le secteur des cégeps, il y a sept tables sectorielles qu’il faut coordonner selon le corps d’emploi (professeur.e.s, soutien ou professionnel.les) et l’affiliation syndicale.

Lors de la dernière ronde de négociations, pour la première fois dans l’histoire québécoise, les deux fédérations regroupant les professeur.e.s et chargé.e.s de cours des cégeps[1] ont conclu une alliance, l’Alliance des professeures et professeurs des cégeps (ASPPC), pour ne former qu’une seule table sectorielle et parler d’une seule voix à cette table, en tenant évidemment compte des différences des deux conventions collectives.

Pour en savoir plus

Le 16 octobre dernier, le CCSPP a organisé un Forum ouvert pour démarrer les consultations pour les négociations de 2020. À cette occasion, Mathieu St-Onge, conseiller syndical au CCSPP, a fait une présentation sur l’histoire et l’organisation unique des négociations au Québec. Vous pouvez la regarder sur le site internet : www.secteurpublic.quebec

Nous avons entamé les consultations locales le 14 janvier dernier ; l’article « Plein d’idées ? Prenons le temps ! » en fait la synthèse sur laquelle nous reviendrons en assemblée générale le 29 janvier. Nous aurons régulièrement l’occasion de prendre position sur les enjeux négos durant les prochains mois. Nous vous invitons à participer aux instances prévues à cet effet (AG, bureau syndical, activités mob, etc.) et de vous tenir au courant par le biais de La Réplique et nos médias sociaux.

Ariane Robitaille
Présidente, SPPCM

[1] L’autre fédération est la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC), affiliée à la CSQ.