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Le 26 novembre dernier, le Collège de Maisonneuve adoptait sa politique pour contrer les violences à caractère sexuel (VACS). Afin de mieux cerner le contexte dans lequel cette politique a été mise en place, La Réplique publie la Réflexion rédigée par le Comité école et société de la FNEEQ à ce sujet.

Les violences à caractère sexuel dans nos établissements d’enseignement supérieur constituent un problème sérieux depuis trop longtemps banalisé. La décision prise en conseil fédéral de se pencher sur cette problématique dénote une prise de conscience collective nouvelle et salutaire. Dans le cadre du mandat confié par le Conseil fédéral, nous nous sommes concentrés plus particulièrement sur les relations intimes (amoureuses ou sexuelles) impliquant une enseignante ou un enseignant et un étudiant ou une étudiante dans un rapport d’autorité.

Le cheminement de notre réflexion nous a d’abord conduits à interroger le rôle de l’enseignante et de l’enseignant dans son rapport aux étudiants et aux étudiantes, notamment quant à l’aspect inégalitaire inhérent à la relation pédagogique. Ce questionnement éthique s’inscrivant dans un phénomène systémique plus large, nous avons par la suite abordé la notion de « culture du viol » ainsi que les rapports de domination genrés, qui ont un impact considérable non seulement sur les femmes, mais aussi sur les LGBTQ+. Bien sûr, un détour par le paysage déontologique et juridique s’imposait.

La FNEEQ a dégagé, lors du conseil fédéral de décembre 2016, un certain nombre de principes fondamentaux à garder à l’esprit dans l’exercice de notre profession et dans le travail de sensibilisation auprès des membres dans les syndicats locaux :

  • le lien de confiance est à la base d’une relation pédagogique ;
  • la relation pédagogique est une relation d’autorité ;
  • les enseignantes et les enseignants exercent une relation de pouvoir qui s’établit notamment par le biais de l’évaluation des apprentissages et de l’application de règlements disciplinaires ;
  • les notions d’équité et d’impartialité doivent guider les évaluations (des apprentissages ou autres) ;
  • un rapport intime entre le personnel enseignant et les étudiantes et les étudiants peut être perçu comme une relation privilégiée par les autres membres du groupe et de son environnement.

Ces éléments de réflexion permettent d’éclairer la position de la FNEEQ voulant que la relation pédagogique ne puisse coexister avec une relation intime amoureuse ou sexuelle. Il est raisonnable, voire nécessaire, de comprendre nos rapports aux étudiant-es comme un modèle de socialisation et d’émancipation. Ainsi, bien entendu, les administrations ont le devoir de faire en sorte que nos cégeps et nos universités soient de véritables milieux de vie exempts de toutes formes de violence et d’abus, mais en tant qu’artisans au cœur de ces établissements, nous avons aussi un rôle à jouer.

Il importe, dans nos syndicats locaux, de sensibiliser les membres aux impacts des relations intimes amoureuses et sexuelles ainsi qu’aux responsabilités de tout un chacun devant les gestes de violence à caractère sexuel. D’ailleurs, le guide syndical Politiques contre les violences à caractère sexuel – Lignes directrices produit par la FNEEQ s’avère un très bon complément au présent document, notamment en ce qui concerne les formations à offrir à l’ensemble des communautés collégiale et universitaire (formations imposées par la loi). Cette réappropriation par la base nous apparaît essentielle pour transformer nos milieux, dans une perspective égalitaire, et permettre une réelle émancipation pour toutes et tous !

Pour lire la version intégrale du document

  Réflexions sur les dossiers à caractère sexuel en enseignement supérieur_ Ecole_et_societe_VACS

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Une publication du comité école et société de la FNEEQ :

Claudine Beaupré, Madeleine Ferland, Ricardo Penafiel, Isabelle Pontbriand, Michaël Séguin, Selma Skalli (conseillère à la FNEEQ) et Richard Bousquet (responsable politique au comité exécutif) Avec la collaboration du comité femmes et du comité diversité sexuelle et pluralité des genres, de Caroline Quesnel (présidente) et de Benoît Lacoursière (secrétaire général et trésorier de la FNEEQ).