crédit photo: https://pixabay.com/fr/photos/rose-candy-sucre-blanc-smartphone-791315/

J’ai constaté quelque chose depuis plusieurs années et je suis persuadé que je ne suis pas le seul. Je vois plus d’étudiants qui ont de la difficulté à exprimer leurs idées, à saisir ce qu’on leur explique, à comprendre ce qu’ils lisent, même dans des textes relativement simples; et même les consignes qui me semblaient pourtant claires et qui étaient auparavant comprises par leurs prédécesseurs semblent maintenant poser problème pour plusieurs. Parallèlement, davantage de nos étudiants sont anxieux ou déprimés, ou les deux. Encore plus d’entre eux ont un trouble d’adaptation ou un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. Et, en même temps que tout ceci se déroule devant nos yeux, ils sont de plus en plus nombreux à consulter leur cellulaire en classe, à texter, à « poster » sur les réseaux sociaux, à jouer, etc. J’ai découvert récemment que ces choses étaient probablement liées et j’aimerais partager cette théorie avec mes collègues.

Cette théorie, je l’ai découverte dans l’ouvrage du Dr. Robert Lustig –et dans ses conférences sur le web au sujet du livre– The Hacking of the American Mind (2017). Il nous propose une analyse d’un phénomène, le « bonheur », à travers le prisme de l’addiction. Il s’appuie sur des recherches récentes et interprète ces données qui mènent à une conclusion percutante et, je pense, convaincante. Évidemment, les recherches à ce sujet ne sont pas encore assez nombreuses et étendues pour conclure à des liens de causalité, mais les explications que proposent cette théorie cadrent assez bien avec ce qu’on peut observer aujourd’hui, même si elles n’expliquent pas tout. Ainsi, toutes les affirmations scientifiques de ce texte s’appuieront sur cet ouvrage et une conférence de Lustig.

Le sucre

J’ai découvert le médecin Robert Lustig par hasard, sur le web. Puis une de mes collègues qui a acheté son livre m’en a parlé. Et je suis allé voir. Le Dr. Lustig est un endocrinologue pédiatrique qui s’est fait connaître pour ses recherches et son discours sur le sucre.

Il fait partie d’un groupe de chercheurs qui a montré la nocivité du sucre. Ce groupe a montré que la consommation de sucre amène le cerveau à produire de la dopamine. La dopamine est, si on me permet la simplification, le neurotransmetteur[1] du plaisir; du désir en fait. Quand un neurone libère de la dopamine, il envoie un message au neurone suivant : il l’excite. Cela produit une envie : l’envie d’obtenir quelque chose d’agréable[2]. Ce sentiment agréable tend donc à renforcer le comportement qui le produit. C’est très utile d’un point de vue de la survie. La faim, par exemple, relâche ce neurotransmetteur et nous donne envie de manger et manger produira une sensation de plaisir qui encourage donc de répéter ce comportement.

Crédit photo: Bruno Glätsch de Pixabay
Crédit photo: Bruno Glätsch de Pixabay

C’est par ailleurs le même neurotransmetteur qui est libéré lors de la consommation de nombreuses substances (alcool[3], cigarette, cocaïne, etc.) et qui est produit lors de certaines activités (jeu, magasinage, consommation de pornographie, etc.) qui peuvent entraîner des addictions.

 

Ce neurotransmetteur excite les neurones suivants. Mais une grande excitation chronique (intense et prolongée) force en quelque sorte les neurones à se protéger, parce qu’une trop grande excitation endommage les neurones.

Pour se protéger, ils régulent à la baisse les capteurs de dopamine. C’est la raison pour laquelle la première dose a un effet intense et que les doses subséquentes sont de moins en moins efficaces. C’est la tolérance. Jusqu’à ce que les neurones, surexcités, soient endommagés ou meurent[4]. C’est ainsi que survient l’addiction, dans l’abus.

Le sucre fonctionne ainsi : il fait produire de la dopamine et crée, à la longue et avec des doses importantes, une addiction. Pendant de nombreuses années, les compagnies qui font du profit grâce au sucre (les compagnies de boisson gazeuses, de desserts, mais aussi toutes celles qui mettent du sucre, du sirop de maïs, etc. dans leurs produits ou qui vendent ces produits aux compagnies) ont cherché à cacher sa nocivité en payant des études qui cherchent à montrer que c’était le gras qui était à surveiller et ont popularisé notre vocabulaire sur les gras : saturées, insaturés, le cholestérol, etc. Le gras n’est pas du tout inoffensif, mais il aurait servi de diversion, car le sucre serait responsable d’une proportion très importante des maladies chroniques comme le diabète de type 2[5]. Ce serait d’ailleurs pour ses propriétés addictives (car cela fait monter les ventes) que ces compagnies ajouteraient du sucre un peu partout selon Lustig.

Confusion volontaire désastreuse

Fort de cette découverte, il s’est rendu compte que ses constats sur le sucre étaient peut-être la pointe de l’iceberg. Cette addiction à ce qui génère de grandes quantités de dopamine révélait un problème plus grave et généralisé. Cela lui a permis de lier des problèmes qui ne semblaient pas d’emblée reliés : l’augmentation des maladies chroniques, particulièrement le diabète de type 2 chez les enfants; le problème de dépendance aux opiacés; les difficultés de plus en plus importantes des systèmes de protection sociale à bien fonctionner, particulièrement le système de santé; et l’augmentation des diagnostics de dépression et d’anxiété ainsi que de la médication qui va avec, particulièrement chez les enfants et les adolescents. Tous ces problèmes seraient le résultat de la confusion volontaire entre ce qu’il appelle le « plaisir » et le « bonheur »[6].

Lustig défend l’idée que la recherche de plaisir est la sensation, au fond, produite par la dopamine : c’est une sensation agréable, viscérale et de courte durée liée généralement au fait de « recevoir » quelque chose : une substance (un aliment agréable, une drogue, de l’alcool), un objet qui nous plaît, pratiquer une activité qui nous plaît (gagner à un jeu, avec ou sans argent, par exemple). Il s’agit d’une récompense et c’est souvent ainsi qu’il l’appelle. Lustig résume par cette formule : « Ceci est agréable, j’en veux plus ». Cette sensation est en quelque sorte un moteur ou un motivateur : elle nous pousse à agir pour faire ou obtenir quelque chose parce qu’on désire le plaisir qui l’accompagne. Rien de malsain quand ceci pousse vers des choses utiles… avec modération, parce que tout ce qui produit de la dopamine peut mener à l’addiction.

Le « bonheur », lui, serait lié à la sérotonine. Il s’agit d’un autre neurotransmetteur qui aurait un effet apaisant et calmant. Contrairement à la dopamine, la sérotonine n’exciterait pas les neurones, mais les inhiberait et, en ce sens, ceux-ci n’auraient pas besoin de se protéger en atrophiant leurs récepteurs. Il serait associé à un sentiment de satisfaction calme, de contentement. On ne désirerait pas obtenir des choses ou des sensations, on serait satisfait de ce que l’on a. Lustig résume par cette formule : « Ceci est agréable, j’ai ai suffisamment ». Évidemment, en tant que philosophe, réduire le bonheur à la sérotonine me semble problématique. Mais aborder la question en terme de « contentement » élimine une bonne partie du problème. La sérotonine serait libérée par certains comportements. J’expliquerai plus bas ce qui permettrait de favoriser la libération de ce neurotransmetteur d’après le Dr. Lustig.

Le problème de l’addiction, c’est-à-dire lorsque les neurones ont été excités au point de développer une tolérance et même d’en mourir, est que cela réduirait non seulement la capacité d’éprouver du « plaisir » (de ressentir les effets de la dopamine), mais aussi d’éprouver du « bonheur » (de ressentir les effets de la sérotonine). En d’autres mots, à force de rechercher des sensations agréables, on éprouve moins de plaisir et on deviendrait incapable d’éprouver du contentement

Sans parler du rôle du stress. Être régulièrement stressé (stress chronique) augmente les chances de développer des addictions, réduit le plaisir et le contentement et nuit aux capacités cognitives.  En effet, le cortisol, une hormone du stress, exacerbe l’effet de la dopamine, régule à la baisse la sérotonine et inhibe le cortex préfrontal – la partie du cerveau responsable des fonctions cognitives supérieures : le raisonnement, la mémoire de travail et les fonctions exécutives.

Tout ceci permet de comprendre le désastre[7]. Le monde des affaires aurait volontairement exploité ces mécanismes du plaisir et du stress pour vendre plus efficacement leurs produits en faisant croire par de nombreux stratagèmes que le bonheur s’obtenait par le plaisir, que c’est en consommant qu’on sera heureux. Les grandes compagnies de tout acabit aidées par les développements en psychologie, en biologie et en médecine, ont compris que ce qui produit de la dopamine fait monter les ventes. Et les modèles d’affaire reposent désormais sur notre recherche de plaisir, la favorise et nous rend, au fond, malheureux. Nestle, par exemple, prospère grâce au sucre; il participe donc à la plus grande prévalence du diabète … et veut maintenant vendre de la médication pour le diabète, bouclant la boucle économique : ils créent eux-mêmes la maladie pour laquelle ils vendent le traitement[8].

 Et la technologie

Et c’est la même chose avec les logiciels et applications. Les gens qui conçoivent ces objets virtuels les pensent dorénavant en fonction de la production de dopamine.

Quand les concepteurs imaginent un jeu gratuit pour téléphone ou tablette, par exemple, ils pensent aux mécanismes de récompense imbriqués dans le jeu : pointage, animations plaisantes, comparaison avec les « amis » des réseaux sociaux, etc. Et ils profitent du désir créé par la récompense pour encourager les microtransactions[9] : on nous met devant des alternatives où il faut choisir entre contrôler son désir de plaisir ou payer une petite somme pour assouvir ce désir. Il faut attendre quelques heures ou payer pour rejouer tout de suite, par exemple. Il existe même des entreprises qui vendent leurs services-conseils pour augmenter les ventes des applications. Une start-up, par exemple, prétend pouvoir augmenter les ventes en moyenne de 167% grâce à leur équipe de neuropsychologues et « neuro-économistes » en rendant les applications addictives. Elle s’appelle Dopamine Labs[10]. Ça ne s’invente pas.

crédit photo: https://pixabay.com/fr/photos/rose-candy-sucre-blanc-smartphone-791315/
crédit photo: https://pixabay.com/fr/photos/rose-candy-sucre-blanc-smartphone-791315/

Et les réseaux sociaux sont eux aussi structurés de la même manière : on sait que les « like », les « retweet », les partages et autres mesures de « popularité » produisent de la dopamine chez ceux qui en sont les « bénéficiaires ». Parce que si cela produit de la dopamine, alors les utilisateurs resteront plus longtemps et reviendront plus souvent, maximisant la visibilité publicitaire et les revenus qui vont avec.

De l’addiction à la dépression

L’alcool, la cigarette et d’autres drogues donnent l’impression de réduire l’anxiété et le stress, parce qu’ils génèrent de la dopamine. Et le stress nous pousse à aller chercher ces substances quand on a expérimenté leurs effets « apaisants ». Et si on les utilise comme mécanisme de défense pour se protéger souvent contre le stress et l’anxiété, on en viendra à dépendre de ces substances pour fonctionner. Et l’adolescence est une période particulièrement angoissante de la vie : enfant, on se contentait bien de l’approbation familiale, mais à l’adolescence, on commence à chercher l’approbation de ses pairs qui est, en général, plus difficile à obtenir. Et, aujourd’hui, on doit performer à l’école et avoir l’air intéressant sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de gens dépendants aux substances susmentionnées les ont découvertes à l’adolescence. Et une nouvelle source de stress a vu le jour : le « FOMO », Fear of missing out, la crainte de manquer quelque chose d’intéressant, de manquer une opportunité. C’est en même temps une peur de l’exclusion. Cela pousse souvent à rester connecté, à vérifier souvent ses messages, par peur qu’une occasion nous échappe.

Les téléphones intelligents et tablettes opèrent de la même manière que ces substances. Et on a mis ces objets entre les mains de nos étudiants alors qu’ils étaient de jeunes adolescents, voire des enfants.  En produisant de la dopamine, ils engourdissent temporairement leur malheur. Ils ont commencé dans l’enfance ou l’adolescence, à un moment où la maîtrise de soi et la modération sont très difficiles. Et leur drogue, ils l’ont partout avec eux, tout le temps. Ce n’est pas pour rien que même si on les avertit ou les sermonne,  qu’on les menace de les expulser de la classe ou qu’on les expulse effectivement,  ils continuent quand même de les utiliser.

Crédit photo: Kevin Grieve / Unsplash
Crédit photo: Kevin Grieve / Unsplash

Nous avons devant nous des addicts. Des addicts malheureux, déprimés et anxieux, parce que leurs neurones sont surexcités, et probablement exténués. Et ils ont de la difficulté à être calmes et à ne pas penser à ce qu’ils n’ont pas : les objets qu’ils pourraient acheter, les « amis » qui sont ailleurs, les opportunités qu’ils pourraient manquer, etc.

 

Et le stress les pousse à rechercher davantage ce genre de béquille et engourdit leurs capacités cognitives, ce qui les amène à être davantage sur leur téléphone, à moins dormir[11] et à moins bien réussir à l’école, ce qui les stresse encore davantage. Et ceci peut mener à la dépression[12]. La dépression et l’addiction, dit Lustig, sont deux facettes du même problème.

Bien entendu, les adultes de tous âges peuvent développer ce genre d’addiction, mais leur âge les rend plus fragiles et vulnérables. Je pense que nous sommes devant une crise de santé publique, dont la technologie n’est qu’une des têtes de l’hydre. Mettez ensemble le détournement commercial de la dopamine, la réduction des relations sociales en personne, l’augmentation de la consommation d’aliments transformés et préparés ainsi que l’augmentation généralisée du stress, du manque de sommeil et de l’impression de manquer de temps, et vous avez la recette du succès commercial, mais aussi du malheur.

Autrefois, on traitait la fièvre avec la chaleur et des saignées. Autrefois, les femmes s’enduisaient d’arsenic pour blanchir leur peau. Autrefois, on utilisait les rayon-x dans les boutiques de chaussure pour voir si elles étaient de la bonne pointure. Autrefois, les étudiants et les professeurs fumaient dans les classes. Quand on pense aujourd’hui à tous ces comportements, on est sidéré par notre bêtise passée. Peut-être est-il temps qu’on se pose de sérieuses questions sur la technologie portative.

Post-face : et le bonheur…

Comment éviter de tomber dans ce cycle et profiter de l’effet apaisant de la sérotonine ? Lustig nous propose quatre choses qu’on peut faire individuellement qui augmentent la sérotonine, réduisent notre besoin de dopamine et réduisent le cortisol.

D’abord, établir des relations significatives avec les autres… en personne, pas sur les réseaux sociaux. Il semblerait que l’empathie, soit le fait d’être en mesure de reconnaître les émotions des autres et de les ressentir soi-même, produit de la sérotonine[13] et que ceci est en lien avec des récepteurs dans les zones cérébrales de reconnaissance des visages.

Ensuite, contribuer. Le fait de venir en aide aux autres ou de faire quelque chose qui a un impact positif et visible sur sa communauté, ses amis, ses collègues, etc. produit de la sérotonine.

Puis, adopter de bonnes habitudes de vie : bien dormir, faire de l’exercice et la pratique de la pleine conscience[14].

Finalement, cuisiner. Bien manger passe par la préparation de ses propres repas et l’élimination des aliments transformés pour favoriser une alimentation riche en omégas-3, en fibres et en tryptophane[15] et pauvre en sucre. Et cuisiner peut tout combiner : c’est une activité sociale (on peut cuisiner et manger avec d’autres) qui contribue (on peut nourrir d’autres personnes et leur faire plaisir) et cela permet d’appliquer la pleine conscience (il faut se concentrer sur ce qu’on fait). Si vous vous demandiez pourquoi vous n’aimez pas cuisiner juste pour vous-même, voilà probablement pourquoi.

J’ajouterais, éprouver de la gratitude. S’habituer à réfléchir à ce qu’on a et aux gens qui nous entourent que nous apprécions éloigne le désir de ce qui nous manque, le désir de dopamine en d’autres mots.

Il propose aussi cinq choses pour tenter de contrer politiquement les actions des entreprises, mais surtout par rapport à l’alimentation : contrôler, par de la législation, le sucre (par exemple, bannir les boissons sucrées et les jus dans les hôpitaux et les écoles primaires et secondaires, imposer des taxes sur le sucre pour financer et réduire le coût des aliments sains, etc.), renommer le diabète de type 2 « maladie de l’alimentation transformée », réduire les subventions aux choses qui nous nuisent, avoir une certification pour identifier les produits et restaurants n’utilisant pas de produits transformés (un peu comme pour le bio) et retirer le sucre de la liste des produits considérés comme sécuritaires par les agences de santé publique.

Christopher Pitchon
Département de philosophie

* Un grand merci à Amélie Hébert pour ses précieux commentaires et un grand merci à Anik Boudreau et à Laurence Pellerin qui ont lu et commenté mon texte sur les éléments scientifiques. Évidemment, ceci ne signifie pas qu’elles endossent les conclusions de cet article. *

Bibliographie

LUSTIG, Robert, The Hacking of the American Mind, Avery, New York, 2017, 344p.

LUSTIG, Robert, Dr. Robert Lustig The Hacking of the American Mind at the San Franscisco Public Library, conférence disponible sur Youtube:
https://www.youtube.com/watch?v=x4sRsb0a30Y, dernière consultation 2019-02-11

Notes et références dans le texte

[1] Un neurotransmetteur est une substance chimique que les neurones utilisent pour communiquer les uns avec les autres.

[2] Le résultat agréable sera plutôt produit par des peptides opioïdes endogènes (la beta-endorphine, par exemple)

[3] La relation entre l’alcool et la dopamine est complexe, entre autres à cause du fait que l’alcool est un dépresseur.

[4] Phénomène appelé excitotoxicité qui peut mener à l’apoptose, une mort cellulaire programmée, mais qui serait, dans ce cas, le résultat d’une dégradation du neurone par surexcitation.

[5] Pour deux raisons. La première, parce que sa tendance addictive et sa facilité d’accès, voire son ubiquité, fait qu’il est facile d’en consommer beaucoup. La deuxième, à cause de la façon dont il est métabolisé : il favorise le dépôt de gras dans les cellules du foie nuisant à l’efficacité de l’insuline.

[6] Lustig nous met quand même en garde. Il y aurait trois choses qui rendraient notre compréhension du fonctionnement de la dopamine et de la sérotonine chez l’humain moins probante. D’abord, l’essentiel des études réalisées sur le sujet ont été pratiquées sur des animaux et les relations entre les neurotransmetteurs et les hormones ne sont pas si similaires entre les humains et les rats. Sans compter qu’on mesure le taux de ces molécules dans le sang, ce qui ne permet pas de conclure que cela représente bien ce qui se déroule dans le cerveau (seulement 1% de la sérotonine dans le corps serait associé au neurones du cerveau, mais il semble qu’on puisse mesurer de manière assez fiable la dopamine cérébrale par la mesure de certains métabolites (résidus de la sérotonine spécifique au cerveau)). Deuxièmement, les études révèlent en général une corrélation, mais on ne peut en conclure à une causalité. Et troisièmement, il est difficile de savoir avec certitude dans quelle mesure le fait de dire à quelqu’un quoi faire, sous forme de messages publicitaires par exemple, pousse effectivement à agir en ce sens.

[7] Lustig parle de « Hack », soit d’une sorte de manipulation malveillante. Il analyse la société américaine dans son livre et ajoute même que ceci se serait fait au vu et au su et avec la complicité du gouvernement américain. Mais je pense qu’on peut aisément transposer ses idées ici, même si c’est peut-être dans une moindre mesure.

[8] Matthew Campbell et Corinne Gretler, Nestlé wants to sell you both sugary snacks and diabetes pills, Bloomberg, 5 mai 2016, https://www.bloomberg.com/news/features/2016-05-05/nestl-s-sugar-empire-is-on-a-health-kick

[9] Terme qui désigne les achats de choses intangibles et peu coûteuses liés à des applications, particulièrement les jeux vidéo « gratuits » : du temps de jeu, des objets, des astuces, etc.

[10] Shieber, Jonathan, Meet the tech company that wants to make you even more addicted to your phone, Techcrunch, URL : https://techcrunch.com/2017/09/08/meet-the-tech-company-that-wants-to-make-you-even-more-addicted-to-your-phone/

[11] Le stress nuit au sommeil et le manque de sommeil augmente le stress à cause de l’action du cortisol.

[12] Et on peut mettre ceci en parallèle avec les données recueillies par l’Institut de la statistique du Québec que révélaient le Devoir (CAILLOU, Anabelle, Hausse des problèmes de santé mentale chez les jeunes, Le Devoir, 6 décembre 2018)

[13] Apparemment, ce serait l’évolution de l’espèce au sein de groupes qui aurait favorisé ce mécanisme « prosocial ».

[14] Traduction libre de « mindfulness ». Méditer, se concentrer sur sa respiration ou sur une seule activité apaisante pour nous : cuisiner, jardiner, pratiquer un sport, etc. sans laisser son esprit voguer vers nos préoccupations.

[15] Le trytophane est un acide aminé précurseur de la sérotonine et est donc essentiel à la synthèse de ce neurotransmetteur; nous ne pouvons pas le fabriquer nous-même sans les composantes de base contenues dans cet acide aminé.

Des commentaires?  Écrivez-nous à blogue.sppcm@gmail.com