Dans le cadre de la présente campagne électorale, plusieurs syndicats de l’enseignement supérieur affiliés au Conseil central du Montréal métropolitain–CSN souhaitent rappeler aux partis politiques l’importance cruciale de l’éducation en général, et de l’enseignement supérieur en particulier, pour la société québécoise. Le Québec est devenu ce qu’il est aujourd’hui en grande partie grâce aux réformes majeures des années soixante ayant mené entre autres à la création du réseau des cégeps et de celui de l’Université du Québec. Nous souhaitons que tous les partis prennent position en faveur de l’éducation et intègrent dans leurs plateformes des mesures concrètes pour que les institutions d’enseignement continuent de remplir leur mission sociale essentielle. Compte tenu de l’importance névralgique de l’éducation pour l’avenir des jeunes et de la société québécoise dans son ensemble, il est urgent d’intervenir, tant dans les services à la petite enfance et les écoles qu’en enseignement supérieur.

L’ensemble du système d’éducation québécois est en piètre état à la suite de nombreuses années de négligence et de compressions budgétaires. Les cégeps et universités font aussi face à de nombreux obstacles qui mettent en péril la qualité de l’éducation et les conditions de travail des différentes catégories de personnel. Mal-financement des institutions, précarité des employées, déficit démocratique dans la gestion des établissements, marchandisation du savoir et de l’éducation sont des réalités auxquelles les milieux universitaire et collégial sont quotidiennement confrontés. Ces dérives affectent directement les services à la population étudiante, allant jusqu’à compromettre dans certains cas l’accès aux études supérieures ou la réussite.

En mai 2017 et mai 2018, la tenue des rendez-vous des États généraux de l’enseignement supérieur, qui ont réuni quelques centaines d’artisans du milieu de l’éducation et de la communauté étudiante, a permis de dresser le portrait de la situation dans les cégeps et universités, portrait malheureusement sombre à bien des égards. Des solutions concrètes et porteuses que le futur gouvernement du Québec devra reprendre à son compte y ont été formulées, dans la mesure où l’avenir de l’enseignement supérieur représente une réelle priorité à ses yeux. Parmi les solutions que nous préconisons, mentionnons notamment :

Au chapitre de l’accessibilité aux études supérieures :

– Instaurer la gratuité scolaire et bonifier l’aide financière aux études, y compris pour les étudiantes et étudiants à temps partiel ;

– S’opposer à la dérèglementation des droits de scolarité comme source de financement additionnel pour les établissements, par exemple dans le cas des étudiantes et des étudiants internationaux ;
– Mettre en place des mesures d’accompagnement et d’encadrement adéquates afin d’assurer la réussite de tous les étudiants, et en particulier des personnes en situation de handicap ou ayant des besoins particuliers ;

– Assurer des services appropriés et suffisants à la population étudiante inscrite à l’éducation des adultes;

– Mettre en place des mécanismes favorisant la conciliation travail famille-études, au bénéfice de ceux et celles qui étudient, particulièrement des femmes;

– Assurer un milieu sécuritaire pour toutes et tous et enrayer toute forme de discrimination, de sexisme, de racisme et de violence;

– Maintenir une offre de programmes diversifiée dans l’ensemble des régions du Québec et assurer une meilleure gestion de la carte des programmes afin de réduire la concurrence entre les établissements;

– Concevoir l’offre de formation à distance selon une perspective non marchande, en complémentarité avec les formes d’enseignement en présentiel, afin de favoriser l’accessibilité et l’égalité des chances de réussite de tous les étudiants.

Au chapitre du financement des établissements:

– Assurer un financement adéquat et équitable des cégeps et universités, par des fonds publics, afin d’en assurer le maintien, le développement et la pérennité tout en luttant contre la privatisation des services;

– Revoir les formules de financement afin qu’elles correspondent aux besoins réels des établissements à tous égards, entre autres en bonifiant le financement lié aux étudiantes et étudiants à temps partiel;

– Soutenir davantage la recherche et la création dans tous les secteurs et toutes les disciplines, et protéger la recherche et la création libres.

Au chapitre de la démocratie et de la collégialité :

– S’assurer de la représentation équitable de l’ensemble des acteurs du milieu de l’enseignement supérieur au sein des instances décisionnelles locales et ministérielles;

– S’assurer que les représentantes et représentants de la communauté universitaire ou collégiale soient majoritaires sur le conseil d’administration de leur établissement;

– Redonner à la communauté académique son pouvoir d’intervention en privilégiant un mode de gestion axé sur la collégialité et la cogestion;

– Garantir l’autonomie professionnelle et la liberté académique de tous les membres de la communauté de l’enseignement supérieur.

Au chapitre de la lutte à la précarité :

– Mettre en place des mesures pour enrayer la précarité sur le plan des conditions d’études et de travail, notamment chez le personnel professionnel de recherche, les chargées de cours et le personnel de soutien;

– Instaurer des mesures pour empêcher la sous-traitance de tous les emplois dans les établissements d’enseignement supérieur.

Il est temps de passer de la parole aux actes. Les partis en lice aux élections québécoises doivent prendre des engagements fermes au profit d’une éducation de qualité et accessible. Nos établissements d’enseignement supérieur doivent être des lieux démocratiques où l’enseignement et la recherche sont exercés librement. La gestion technocratique, l’autoritarisme et les politiques néolibérales mises en place dans les dernières décennies doivent cesser !

C’est pourquoi nous demandons aux personnes candidates et aux partis de prendre position de façon claire en faveur des cégeps et des universités, et d’adopter les mesures mises de l’avant par les représentantes et représentants de toutes les catégories de personnel de l’enseignement supérieur et de la population étudiante. L’avenir des cégeps, des universités, de leurs personnels et des étudiantes et étudiants qui les fréquentent est en jeu. Il est plus que temps de faire de l’éducation supérieure une véritable priorité, au bénéfice de l’ensemble de la population du Québec.

Bertrand Guibord Deuxième vice-président Responsable du dossier éducation Conseil central du Montréal métropolitain – CSN
Madeleine Ferland Responsable du comité éducation Conseil central du Montréal métropolitain – CSN
Au nom de : Concordia University Continuing Education Part-Time Faculty Union
Dawson Teachers’ Union
John Abbott College Faculty Association
Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAM
Syndicat des charges et chargés de cours de l’Université de Montréal
Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Montmorency
Syndicat des professeures et des professeurs du Collège de Maisonneuve
Syndicat des professeures et professeurs du Collège de Rosemont
Syndicat des professeurs du Cégep du Vieux-Montréal
Syndicat des professeurs du Collège Marie-Victorin
Syndicat des tuteurs et tutrices de la Télé-Université
Syndicat du personnel enseignant du Collège Ahuntsic
Vanier College Teachers’ Association