students in class par_UGA CAES sous licence CC BY_NC 2.0

J’ai l’impression que les comités de réussite auxquels je participe d’année en année afin d’améliorer la réussite des étudiants ne servent pas à grand-chose. OK, j’en récupère quelques-uns, mais j’en échappe d’autres. Pourquoi?  

Pourtant, on a fait une révision de programme en suivant toutes les étapes et même avec une certaine imagination en tenant compte des acquis des étudiant.e.s qui nous viennent du secondaire.

La réponse magique reçue de l’administration et qui fait qu’on ne fait rien est : « c’est multifactoriel ».  Allons plus loin.

Qu’est-ce qui a été fait par le ministère de l’Éducation? Rien? Vous vous trompez. Il y a eu une étude faite par le Conseil supérieur de l’Éducation remise en mai 2010 qui constituait un avis au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport intitulée « Regards renouvelés sur la transition entre le secondaire et le collégial », rapport complet auquel a participé notre directrice générale, Malika Habel. Rapport que j’ai lu sous sa forme abrégée et qui contient 31 pages. Un rapport édifiant et inspirant avec 8 recommandations. Les voici, en bref.

Le Conseil recommande :

  1. de suivre, en continu, les effets des changement apportés aux structures sur le cheminement des étudiant.e.s au collégial et sur leur réussite et d’apporter les ajustements requis aux deux ordres d’enseignement;
  2. de soutenir la concertation sur le plan régional en dotant les Tables régionales d’éducation interordres d’un mandat spécifique lié à l’articulation des structures du secondaire et du collégial et d’organiser des échanges pour faciliter le partage d’information liée à la mise en œuvre des règles de passage entre les deux ordres d’enseignement et de diffuser l’information qui en résulte auprès des membres de leur personnel respectif;
  3. De mener des travaux de recherche portant sur les élèves qui fréquentent la formation professionnelle au secondaire et la formation générale des adultes pour connaître leurs besoins relativement à la finalité de leur parcours scolaire, et de soutenir, chez ceux et celles qui le souhaitent, la continuité de leur cheminement;
  4. De soutenir l’appropriation, par le personnel enseignant du collégial, des changements occasionnés au secondaire par le renouveau pédagogique et de faciliter l’atteinte de consensus sur les changements qui en découlent au collégial ;
  5. De formaliser les échanges entre les personnels enseignants du collégial et du secondaire pour susciter une réelle culture de collaboration entre les ordres d’enseignement, sur une base locale, régionale ou nationale;
  6. De créer, notamment par les technologies de l’information et de la communication, des points de contact réguliers et soutenus au 2e cycle du secondaire avec leurs futurs étudiants pour leur permettre de prendre conscience des exigences de leur intégration aux études collégiales et de mettre en place des initiatives conjointes axées sur la définition du projet vocationnel de l’élève et les comportements scolaires qui facilitent sa réussite au collégial en vue de préparer les élèves, dès le secondaire, aux études collégiales;
  7. D’intégrer les étudiant(e)s qui arrivent au collégial dans leur globalité, en ajustant les mesures de soutien aux curriculum acquis et à la culture des étudiants, à la lumière de travaux de recherche menés sur l’expérience de la transition secondaire-collégial de leurs étudiants, et de soutenir la recherche pédagogique au collégial pour mieux connaître le curriculum acquis des étudiant(e)s;
  8. D’adapter les politiques collégiales pour tenir compte des conditions équivalentes de réussite requises par les étudiants handicapés et de ceux ayant des troubles d’apprentissage ou des problèmes de santé mentale, de soutenir l’ajustement des pratiques par la sensibilisation et la formation des enseignant(e)s aux réalités et aux besoins de ces étudiants, de diffuser les services offerts à ces étudiants, d’ajuster les sommes versées au collèges pour leur permettre de répondre aux besoins de ces étudiants, de poursuivre le soutien aux initiatives de recherche portant sur ces questions et d’en diffuser les résultats.

Pour le moment, je suis à la recherche de réponses sur le suivi ou les politiques implantées par le Ministère suite à ce rapport et sur les commentaires de la part de la FNEEQ suite à la publication de ce rapport.

Entre temps, le comité de réussite interordres (secondaire-collégial) créé dans le cadre du travail annuel fait au syndicat se penchera sur la situation actuelle des étudiant.e.s arrivé.e.s du secondaire et sur leur intégration au collégial.

Et bien humblement, voici quelques réflexions personnelles sans statistiques :

Année après année, je demande aux étudiants de TAD combien d’heures d’études ils ont faites en moyenne par semaine à leur dernière année du secondaire. À quelques exceptions près, ils me répondent zéro. Et ça fait plus de 10 ans que je pose la question à 2 ou 3 classes d’étudiants. Ils et elles ne sont donc pas habitué.e.s à faire des efforts pour réussir ni à s’organiser pour faire des travaux et ni pour les remettre à temps;

En TAD, le programme donné par le Ministère demande une vingtaine d’heures de travail par semaine en plus de leurs heures de cours. Donc, on demande à environ 90% de nos étudiant.e.s d’enlever 20 heures de jeux vidéo, de travail rémunéré ou de sorties entre amis, par exemple, pour les remplacer par 20 heures d’études. Changer des habitudes n’est pas chose facile à faire même si on donne les outils de planification nécessaires et même s’ils ont des exercices de planification à faire. La hauteur du défi est de taille…on ne demande pas à quelqu’un de sauter une barre à 4 pieds quand il ne l’a jamais fait. Pourtant, il semble que ça se fait dans le domaine de l’éducation…

Pourquoi ne pas faire la transition graduellement? Pourquoi la différence entre le nombre d’heures d’étude entre le secondaire et le collégial semble-t-elle si grande pour les étudiants qui arrivent en TAD? Y a-t-il d’autres programmes qui ont les mêmes problèmes? Quelle est la situation au pré-universitaire en première année, première session? Pourquoi n’y a-t-il pas une meilleure collaboration secondaire-collégial?

Je suis à développer une pédagogie progressive sur les 5-6 premières semaines afin de changer les stratégies d’apprentissage face à ce constat. Si l’avenir vous intéresse (en éducation :-), partagez-moi vos constats et impressions.

Christiane Éthier,
Département de Techniques administratives (DATA)

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